L'intelligence artificielle : miroir de nos rêves et de nos peurs
Succès fou pour la conférence "panorama de l'IA" organisée par INITIATIV'Retraite AISNE : un amphithéâtre bien rempli, un silence studieux et au micro, Bruno DEFAY, docteur en Intelligence Artificielle.
Pendant près de deux heures, il a démystifié une technologie qui fascine autant qu’elle inquiète.
À travers un voyage historique, des explications techniques et des réflexions éthiques, il a démystifié cette technologie omniprésente et pourtant souvent mal comprise.
Historique et Principes de Base
L'IA n'est pas une invention récente.
Dès les années 1950-1960, des théoriciens ont posé les premières pierres de cette discipline, avec des succès modestes dans le domaine des jeux.
Les années 1975-1990 ont vu l'émergence des systèmes experts et des robots industriels, marquant une deuxième vague d'intérêt.
Mais c'est véritablement depuis 2010 que l'IA a connu un essor spectaculaire, grâce à des avancées techniques, une puissance informatique accrue, et des moyens financiers colossaux.
Depuis 2022, l'IA générative, avec des modèles comme ChatGPT, a ouvert de nouvelles perspectives.
Depuis, elle n’a cessé d’osciller entre promesses éclatantes et déceptions amères, au gré des vagues d’enthousiasme et des replis prudents.
Des vagues d'enthousiasme aux révolutions silencieuses
Tout commence dans les années 1950-60. Quelques chercheurs, un peu rêveurs, programment des jeux et tentent de reproduire le raisonnement humain.
Deuxième vague : les années 1975-90 avec les systèmes experts et les premiers robots industriels.
Puis, dès 2010, tout s’accélère.
Plus de données, plus de puissance, plus d'argent : l’IA sort des laboratoires.
Depuis 2022, une révolution est en marche : l’IA générative (ChatGPT, Mistral, Perplexity, Midjourney) crée textes, photos , images et sons, vidéos ...
Tout cela est bluffant même si, en m^me temps, on doit être très crite sur la véracité des résultats !
Mais qu’est-ce que l’intelligence artificielle, au juste ?
L'IA regroupe un ensemble de techniques visant à simuler certaines facultés humaines.
Toutefois, le Docteur DEFAY insiste : "il ne s'agit pas d'une véritable "Intelligence" au sens humain du terme".
Cette personnification abusive alimente peurs et fantasmes.
Si l'IA est capable de prouesses, battre des champions d’échecs ou de go, assister les médecins, générer des textes, elle reste fondamentalement statistique et sans conscience.
Derrière les mots : le vrai visage de l’IA
Parler "d’IA forte", "d’IA générale" ou évoquer la "singularité", ce moment où les machines surpasseraient l’homme, relève aujourd'hui de la science-fiction.
L'emploi de termes comme "apprentissage profond" ou "hallucinations" pour décrire le fonctionnement des systèmes d'IA contribue à entretenir l'illusion d'une conscience naissante.
Pourtant, ces machines ne font que traiter, corréler et extrapoler à partir d’énormes quantités de données.
La magie froide de l'IA générative
Le Docteur DEFAY a levé le voile sur le cœur du processus : tout commence par la décomposition du texte en tokens, de petits fragments de mots.
L'algorithme prédit alors statistiquement le mot ou fragment suivant, générant du contenu au fil du contexte.
Ce mécanisme n'est pas fondé sur la compréhension du sens, mais sur la probabilité.
À cela s’ajoutent des filtres éthiques avant et après génération, pour limiter les abus.
Cependant, la fiabilité n’est pas absolue : erreurs factuelles ("hallucinations"), biais dans les données d'apprentissage, déformation des résultats selon le paramétrage (par exemple la température du modèle)...
L'utilisateur doit rester critique !
Un impact déjà visible : santé, sécurité, industrie
Dans la santé, l'IA assiste la radiologie, la chirurgie, ou encore le suivi personnalisé des patients grâce aux objets connectés.
En sécurité, elle équipe la vidéosurveillance, la prédiction des risques ou encore les opérations militaires.
Dans notre quotidien, les IA génératives enrichissent la traduction automatique, la reconnaissance vocale, la conduite autonome et bien plus encore.
L’entreprise et l’enseignement n’échappent pas non plus à la vague : génération de rapports, personnalisation des cours, aide au diagnostic des difficultés scolaires...
Certains métiers disparaîtront, d’autres surgiront.
Pourtant, toutes ces innovations ne sont pas sans risques.
L'automatisation menace jusqu’à 40% des emplois, même si de nouveaux métiers émergent.
Sur le plan économique, l’IA favorise la concentration des richesses entre les mains de quelques géants (GAFAM, BATX).
La Chine, quant à elle, avance à grands pas, profitant d'un accès massif aux données et d'une culture favorable à l’innovation numérique.
IA vs Internet : la bataille invisible de l’énergie
L’intelligence artificielle est bien plus énergivore que l’Internet classique.
Par exemple, l'entraînement d’un grand modèle de langage comme GPT-3 aurait consommé environ 1 287 MWh d’électricité, soit la consommation annuelle moyenne de plus de 100 foyers européens.
À titre de comparaison, effectuer 100 recherches sur Google consomme à peine l’énergie nécessaire pour faire bouillir une tasse d’eau.
Le streaming vidéo, pourtant réputé énergivore, représente en moyenne 0,3 kWh par heure de visionnage en HD, tandis qu’utiliser un modèle d’IA en temps réel, à grande échelle, multiplie rapidement les besoins en serveurs et en refroidissement.
De plus, les data centers qui hébergent ces modèles fonctionnent 24h/24, avec des rendements énergétiques parfois inférieurs à ceux utilisés pour héberger des services Internet standards.
En 2023, l'IA représentait déjà près de 10 % de la consommation électrique des centres de données mondiaux, une part en forte croissance.
Cette explosion énergétique soulève donc des questions environnementales pressantes, notamment sur l’origine de l’électricité (fossile ou renouvelable) et l’efficacité des algorithmes.
Face à cette réalité, les chercheurs cherchent des alternatives : entraînement plus ciblé, réutilisation des modèles, ou conception de puces optimisées comme les TPU de Google.
En somme, l'IA, moteur d'innovation, est aussi un défi énergétique majeur.
Éthique : les défis du futur
Mais derrière ces mutations se cachent des questions plus profondes, presque philosophiques.
Quel monde construisons-nous, lorsque nos machines deviennent capables d’imiter nos mots, nos gestes, nos pensées ?
Quand chaque clic peut être analysé, chaque émotion anticipée ?
Le danger n’est pas une insurrection des robots mais la paresse de l’esprit
Il est plus insidieux : la perte progressive de notre sens critique, l'acceptation passive d'une pensée prédigérée, l'uniformisation de nos imaginaires sous l'effet de systèmes devenus invisibles et omniprésents.
Quand l’éthique entre en jeu
La relation homme-machine est profondément déséquilibrée.
L'utilisateur, impressionné par la machine, lui prête souvent à tort une compréhension ou une sagesse qu’elle n’a pas.
Le manque de transparence, les biais dans les bases d’apprentissage, la perte progressive de l'esprit critique, la montée de la manipulation personnalisée : autant de dangers qui appellent à une réflexion éthique urgente.
Vers une IA responsable : les garde-fous en construction
À l’échelle mondiale, des initiatives naissent : l'IA ACT européen, la Déclaration de Montréal, les recommandations de l'Unesco.
Elles prônent un développement responsable de l’IA, posent les bases d’une régulation, et rappellent que certaines utilisations , comme les robots tueurs ou la justice automatisée, doivent être bannies.
Le principe de garantie humaine, l'interdiction des robots tueurs et la contestation du monopole des GAFAM et BATX sont des sujets de réflexion actuels
Reste une vérité simple : l'IA ne sera ni notre sauveur, ni notre bourreau.
Le Docteur DEFAY a clôturé sa conférence sur une note lucide mais optimiste.
"L'Intelligence artificielle est un miroir. Ce que nous y verrons dépendra de nous.
Les frontières entre l'humain et la machine sont brouillées, mais les machines ne prendront pas le pouvoir.
Il est crucial de s'informer, de se former, et de prendre du recul pour évaluer si un progrès technologique développe l'humanisation ou la déshumanisation du monde.
En nourrissant notre culture et notre spiritualité, nous pouvons naviguer dans cette ère de l'IA de manière éclairée et responsable. "
INITIATIV'Retraite AISNE propose une Web'Rencontre très concrête sur comment poser des questions à l'IA générative ?
Il est proposé aux adhérents de se retrouver en visio-conférence et ensemble de créer ou modifier des textes,
créer photos ceci après avoir survoler les différentes applications.
Pour obtenir des résultats réellement satisfaisants, il est indispensable d'adopter une méthode précise.
Nous apprendrons ensemble à formuler correctement nos demandes pour optimiser l'usage de l'IA.
Pour s'inscrire, cliquer sur le bouton vert ci-joint
"À chaque innovation, il faudra cultiver sa vigilance, s'armer de connaissance et garder toujours une distance critique.
Une question essentielle doit nous guider : Cela nous rend-il plus humains ou un peu moins ?" a-t-il conclu sous une salve d'applaudissements.
Et, juste avant le verre de l'amitié, la présidente Elisabeth REMY a donné dans l'humour en faisant part des réponses de ChatGPT à sa demande concernant notre intervenant et les débats au cours de la conférence.
Bref, un bon moment d'information avec toujours de la convivialité !
Compte rendu de l'exposé réalisé par Jean-Luc MARTIN
Photos: Laurent ROSIER
INITIATIV'Retraite vous offre la possibilité de participer à une Web'Rencontre en visio conférence qui vous permettra de participer à la création et modification de texte, création de photos, plans, interprétations de tableaux divers . . .