Fédération nationale des associations INITIATIV’Retraite

A propos de la réforme des retraites L’exemple du régime des avocats

       

 

 

 

 

           Le rapport rendu par le Haut-Commissaire à la Réforme des retraites et les premières réactions à l’issue de la nouvelle phase de concertation provoquent des plaidoyers destinés à préserver les situations actuelles de plusieurs groupes professionnels. Les avocats affiliés à la caisse nationale des barreaux français expliquent qu’ils ont bien géré leur caisse, et que tout va bien pour tout le monde. Ils ne devraient pas, de ces faits, être obligés d’entrer dans le régime universel proposé. Ils estiment que les efforts consentis et les réserves accumulées leur permettront d’assurer le financement des retraites à venir.

               Une analyse rapide des données de ce régime met en évidence l’exceptionnelle santé démographique de cette profession. Au 31 12 2016,  65 000 personnes cotisent à ce régime contre 32300 en 1997 soit un doublement en vingt ans ! 15400 personnes perçoivent une retraite soit 4,3 cotisants pour un retraité !

              Les cotisations encaissées, 722 millions €, sont à comparer aux 374 millions € de retraites versées. Cette situation est particulièrement exemplaire d’un régime de retraite où chacun est enfermé dans un groupe professionnel précis. A chaque fois l’histoire se répète avec un premier temps de développement où les actifs sont nombreux avec peu de retraités, puis une période où le nombre de retraités augmente, pour aboutir au moment où les retraités sont plus nombreux que les actifs. Autrement dit les 65000 cotisants actuels seront un jour 65000 retraités. Quid de l’évolution du nombre des cotisants dans le temps pour un groupe qui demeure peu important ? Les jeunes avocats qui commencent leur carrière sont-ils certains de bénéficier d’un contexte aussi favorable le jour venu ? Quelles seront les conséquences pour ceux qui changeront d’activité en cours de parcours professionnel ? Le statut actuel des avocats est-il immuable ? L’absence de réponses certaines à toutes ces interrogations devrait inviter les représentants de ce régime à s’interroger sur la pertinence de leur position. A noter que les femmes, souvent désavantagées en matière de retraite, sont très nombreuses chez les avocats trentenaires. Elles pourraient devenir les principales victimes de cette vision qui privilégie le court terme.

               Pour éviter que chacun pense que l’autre est mieux traité que lui il faut aller vers des règles claires et partagées par tous. C’est pour cela que, dans un pays où le nombre de retraités s’approche du nombre des actifs et où la mobilité professionnelle devient de plus en plus importante, l’avènement d’un régime universel s’impose. C’est la meilleure garantie d’un traitement homogène de chacune des situations et d’un débat public  garant de l’équité des règles s’appliquant à tous. A partir de l’acceptation de ce principe de bon sens peuvent s’ouvrir des débats sur les modalités pratiques à mettre en œuvre. Le repli sur le pré carré de chacun est mortifère pour tous.

 

Yves HUMEZ