Page 16 - Fnaropa - Chêne Vert n°115
P. 16

Histoire



            Mon école à l’heure


            allemande







































                                                                                                                    ©Roman Nerud







            Marie-Cécile nous fait part de son vécu à une époque, certes lointaine,
            qui a marqué cependant toute une génération de Français;

            une tranche de vie qu’elle partage avec nos lecteurs!



            Septembre 1940…                                      refuse  énergiquement  arguant  du  fait  que  la  maitresse
            Retour d’exode, début de la scolarisation.           nous  a  demandé  de  ne  rien  accepter  des  Allemands.
            Ma  famille  originaire  de  la  Marne  avait  dû  quitter  notre   Stupeur de mes parents ! Mais Elmut répond qu’il a aussi
            région, lors de l’avancée des armées allemandes et trouver   des enfants et comprend.
            refuge dans un village du Cantal pour quelques mois !
            Septembre 1940 : retour d’exode et pour moi début de la sco-  Départ du régiment allemand pour l’Est de l’Europe !
            larisation, après de diffi ciles retrouvailles ponctuées d’évo-  L’atmosphère,  déjà  lourde,  se  dégrade  totalement
            cations d’horreur sur le chemin du retour. Le village tente de   dès  1942  à  l’arrivée  d’un  régiment  SS  dans  le  village…
            se réorganiser malgré la présence d’un régiment allemand.   Plus  question  en  effet  de  ménager  l’habitant.  De  notre
            Notre maison est d’ailleurs occupée par un offi cier allemand   classe nous entendons tous les matins défi ler ce régiment
            et son état-major. Les directives en haut lieu ont été de ne   au rythme des chants nazis. Ce sont ensuite les exercices
            pas  traumatiser  l’habitant.  Il  nous  faut  cependant  vivre   d’entrainement « roulés boulés », parcours du combattant
            avec l’ennemi, même si ce dernier s’efforce à la discrétion,   dans  les  terres  labourées  avec  l’harnachement  complet
            à  l’exemple  d’Elmut,  offi cier  de  la  Wehrmacht  et  dans  le   du parfait soldat. Je revois particulièrement les casques
            civil, professeur de français à la faculté de Francfort. Je me   nazis qui complètent cet attirail et j’entends encore les
            souviens qu’un soir alors qu’il voulait m’offrir un bonbon, je   «  Heil Hitler » qui ponctuent la moindre consigne.

       16
   11   12   13   14   15   16   17   18   19   20